Carrière, salaires, recrutement : compte-​rendu du CSAMEN du 6 mai 2025

Plusieurs points importants figuraient à l'ordre du jour du CSAMEN du 6 mai 2025 :

Dans sa déclaration liminaire, SUD éducation a choisi d'interpeller le ministère sur les attaques contre la fonction publique et sur les craintes budgétaires. SUD éducation a également exigé la fin du silence sur les dérives de l'école privée et a questionné le ministère sur la conférence citoyenne consacré au le temps scolaire.

Le déroulé de carrière des enseignant·es, CPE et psychologues de l'éducation nationalE

Le ministère a décidé à la fois de modifier les échéances des rendez-vous de carrière pour les espacer davantage, de supprimer les accélérations de carrière et de raccourcir la durée de certains échelons.

Les échéances de rendez-vous de carrière

Pour rappel, les rendez-vous de carrière avaient jusqu'à présent lieu :

  • pour le premier, dans la deuxième année du 6e échelon de la classe normale ;

  • pour le deuxième, entre 18 et 30 mois dans le 8e échelon de la classe normale ;

  • pour le troisième, dans la deuxième année du 9e échelon de la classe normale.

Le projet du ministère est de fixer maintenant ces rendez-vous :

  • pour le premier, au cours de la première année du 4ᵉ échelon de la classe normale ;

  • pour le deuxième lorsque, au 31 août de l’année scolaire du rendez-vous, l'agent·e est au moins au 9e échelon de la classe normale avec un an d'ancienneté dans l'échelon ;

  • pour le troisième lorsque, au 31 août de l’année scolaire suivant l’année du rendez-vous, l'agent·e remplit les conditions d’avancement à la classe exceptionnelle (en fonction des corps, il faut être au 4e ou au 5e échelon de la hors classe pour pouvoir passer à la classe exceptionnelle)

Le déroulé de carrière

Jusqu'à présent, les deux premiers rendez-vous de carrière pouvaient donner lieu à un avancement accéléré d'un an pour 30% des personnels concerné·es par le rendez-vous de carrière.

Le projet du ministère est de supprimer ces accélérations de carrière d'un an à l'occasion de chaque rendez-vous de carrière tout en raccourcissant de deux ans la durée passée dans les échelons 5 à 8 de la classe normale :

échelon

durée d'échelon aujourd'hui

durée d'échelon
modifiée

5e échelon

2 ans 6 mois

2 ans

6e échelon

3 ans

2 ans 6 mois

7e échelon

3 ans

2 ans 6 mois

8e échelon

3 ans 6 mois

2 ans 6 mois

La conséquence, c'est un déroulement de carrière uniforme pour tou·tes les personnels en classe normale.

SUD éducation et Solidaires n’avaient pas signé la mise en place du PPCR (protocole parcours carrière et rémunération) mais, pour autant, SUD éducation ne défendait pas l’ancien système d’évaluation basé sur l’inspection-notation, qui était par ailleurs largement décrié par les collègues. Dans le système de RDV de carrière qui prévaut actuellement, les avis rendus suite aux « rendez- vous de carrière » sont, pour de nombreux·ses collègues, en décalage avec la réalité de leur pratique professionnelle et semblent particulièrement injustes. Pourtant, c’est cet avis qui permet actuellement de passer plus vite à l’échelon supérieur ou d'avancer plus vite à la hors-classe.

La raison de ce décalage, c’est bien sûr le fait que le nombre de « méritant·es » est déjà fixé à l’avance par un quota. Pour SUD éducation, c’est un moyen de pousser les personnes à faire des tâches annexes, chronophages et lourdes sans décharge de service ni indemnités.

SUD éducation a donc toujours revendiqué une déconnexion entre les RDV de carrière et l’avancement des personnels. Nous revendiquons une évaluation coopérative et purement formative déconnectée de l’évolution des rémunérations. Plutôt qu’une mise en concurrence des collègues, une réduction du temps de service permettrait concertation et échanges pédagogiques.

En ce sens, la fin des progressions accélérées au cours de la classe normale correspond à ce que nous revendiquons. Pour autant, le poids de l’évaluation dans le barème pour le passage à la hors-classe et la classe exceptionnelle reste très important et les 2e et 3e RDV de carrière vont continuer de se traduire par une conséquente prime à l’évolution accélérée de carrière.

SUD éducation a donc émis un avis favorable sur les raccourcissements d'échelons de la classe normale et sur la décorrélation entre les RDV de carrière et le passage d'échelons mais a demandé à ce que la place et les conséquences des RDV de carrière soient rediscutées.  En l'état, le risque du projet ministériel est de renforcer l'effet couperet du RDV de carrière pour le passage à la hors-classe ou le passage à la classe exceptionnelle.

La modification du service des ESAS

Le ministère a présenté des textes modifiant les règles relatives au service des enseignant·es du second degré affecté·es dans le supérieur (ESAS). Ces textes comportent quelques progrès (notamment la reconnaissance des personnels du premier degré et l'allongement du temps de décharge des ESAS docteur·es) mais de sérieuses lignes rouges sont franchies.

SUD éducation s'est notamment opposé à tout ajout de missions obligatoires ou facultatives pour les ESAS : même si ces missions sont déjà assurées dans les faits par les ESAS, elles doivent être prises en charge par la diminution du temps d'enseignement et par l'embauche de personnels (ESASmais aussi BIATSS).

Lire l'avis détaillé de SUD éducation :

Réforme du recrutement et de la formation initiale des enseignant·es

La réforme du recrutement et de la formation initiale des enseignant·es avait été mise à l'arrêt depuis le mois de juin 2024 en raison de la politique d'austérité budgétaire et de l'instabilité gouvernementale. Fin mars, le gouvernement a annoncé la relance de ce chantier incontournable pour une mise en œuvre dès la rentrée 2025.

En effet, la rémunération insuffisante et la dégradation des conditions de travail sont à l'origine d'un effondrement du recrutement qui se généralise à l'ensemble des concours. Les précédentes réformes de la formation initiale sont de véritables échecs et l’allongement de la durée d’études avant de passer le concours a asséché le vivier des candidat·es. Aujourd'hui, l’année de master 2 est intenable pour les étudiant·es qui doivent passer le concours, faire des stages et valider leur M2.

Face à cette situation critique, il est urgent de revaloriser les salaires, d'améliorer les conditions de travail mais aussi de repenser le recrutement des enseignant·es.

La réforme présentée par le ministère prévoit que les concours externes soient déplacés à bac+3 à partir de la session 2026 sauf pour les concours de l’agrégation, certains concours CAPLP nécessitant des conditions de diplôme particulières et le concours des PsyEn. Les lauréat·es suivront une formation de 2 années rémunérées (1400 € nets par mois en M1 et 1800 € nets par mois en M2) avec une entrée progressive dans le métier.

Les textes publiés par le ministère répondent en partie aux revendications portées par SUD éducation lors des concertations, néanmoins SUD éducation continuera de se montrer attentif aux différents aspects de la réforme afin de défendre les droits des futur·es d’enseignant·es et des personnels qui travaillent à la formation initiale des enseignant·es.