Constat de rentrée
Depuis toujours, SUD éducation 63/03 se bat pour des ouvertures de postes partout où c’est nécessaire. Cette année cependant, nous nous battons également pour nous assurer que les postes déjà existants… Soient tout simplement pourvus ! L’administration, en mal d’innovation, a trouvé une nouvelle façon de gagner des postes en dehors de toute instance paritaire : elle ne complète plus tous les temps partiels, ni les arrêts maladie !
C’est notamment visible dans l’ASH depuis cette année. Ainsi, le CMI (Centre Médico Infantile) de Romagnat s’est vu amputer de 0.5 poste, quand il manque 1.5 poste à l’ITEP des Gravouses, 0.5 pour l’Ecole itinérante, 1 poste à l’IME de Pompignat, 0.75 dans la SEGPA de Riom, 0.25 en ULIS à Chanteranne à Clermont. A la rentrée, la 2ème et toute nouvelle ULIS du collège Roger Quillot n’avait pas de coordinateur·trice, situation qui a duré plus d’un mois et mis en souffrance tant les élèves déjà fragiles que les enseignant·es et les AESH qui ont dû palier à ce manque par conscience professionnelle. Il manque sans doute d’autres postes, car le chiffre de 6 temps plein au total circule dans les couloirs de l’inspection ASH.
Tous ces besoins en postes étaient connus de l’administration au moment de la phase de mutations en juin. Pourtant certains ne sont même pas parus ! Difficile donc d’affecter quelqu’un quand le poste n’est pas dans la liste de ceux à pourvoir…
Fin juin, devant l’inquiétude de certaines équipes de ne pas voir de collègue affecté·e, l’inspectrice ASH a parfois répondu qu’elle mettrait bien un·e prof à la rentrée… A la rentrée, aucun de ces postes n’était pourvu, aucune nouvelle n’a été donnée à aucune équipe… Il a donc fallu commencer à organiser le travail et les classes dans l’incertitude la plus totale, et surtout avec des moyens en moins. Dans chaque structure, à force d’insister, l’administration a fini par toujours répondre la même chose : « vous n’aurez rien de plus ». Pas une explication, pas une visite sur place pour rencontrer les équipes. Uniquement du mépris et un sentiment partagé d’abandon. Certaines équipes se sont même entendu dire qu’elles étaient « modulables » et qu’elles pourraient donc bien se débrouiller toutes seules. Certain·es collègues en souffrance ont bien légitimement envoyé plusieurs fiches 3SCT … qui sont restées sans réponses de/de la che·fe d’établissement comme de l’IEN ASH. Tout bonnement scandaleux !
Les demandes de postes : rencontre avec le DASEN
Face à ce constat, SUD éducation 63/03 a beaucoup communiqué avec les équipes et a sollicité une entrevue avec le DASEN. Nous l’avons rencontré mercredi 15 octobre, et nous avons rapporté tous les besoins. Nous lui avons rappelé que c’était d’autant plus dommageable que cela concerne les élèves les plus fragiles du système scolaire...
Le DASEN était en possession d’un courrier de l’équipe pédagogique du collège PMF à Riom dans lequel est la SEGPA : vendredi 17 octobre, nous avons appris que l’équipe obtiendrait à la rentrée de la Toussaint le poste demandé. Ce poste a été affecté parce que les collègues se sont mobilisés, mais ce n’est pas suffisant, car l’ensemble des autres équipes n’ont (au moment où nous écrivons ces lignes) encore rien obtenu. SUD éducation 63/03 continuera donc de soutenir les équipes qui le souhaitent.
Menaces sur l’ASH pour l’année scolaire 2025/2026
Lors de l’entretien avec le DASEN, nous avons compris que l’administration souhaite remettre à plat l’ensemble des moyens dans l’ASH. Ce n’est donc pas le hasard si certains postes au moins n’ont pas été pourvus : il y a la volonté de rationaliser, et de préparer les esprits à fonctionner avec moins. Le DASEN nous a annoncé la tenue d’une « grande conférence départementale » sur l’ASH à l’automne 2026 qui devrait réunir les différents acteurs du secteur, dont notre cher Préfet, bien connu pour son humanité et sa sensibilité envers les personnes les plus fragiles … Nous ne savons pas si les réel·les professionnel·les de terrain (enseignant·es, AESH, coordos, enseignant·es référent·es, …) seront convié·es à ce qui s’annonce plus comme une grande lessive que comme une réflexion collective au service des élèves et des personnels qui sont à leurs côtés au quotidien.
Répartir les AESH
Lorsque nous avons abordé le manque criant d’AESH (dans certaines circonscriptions, si on compte les arrêts non remplacés et les démissions et le manque de recrutement, seulement 30 à 40 % des besoins sont « satisfaits » !), le DASEN a annoncé qu’il voulait revoir avec la MDPH la façon dont les notifications individuelles ou collectives sont données. Pour lui, dans le 63, il y a trop d’AESH individuelles par rapport à la moyenne nationale, ce qui expliquerait la pénurie d’AESH au niveau départemental.
Ainsi, si dans les écoles / collèges il manque de 1 à parfois 4 AESH, ce serait à cause d’une mauvaise répartition. Nous avons rappelé au DASEN que les accompagnements collectifs n’étaient pas l’alpha et l’oméga de l’accompagnement : en inclusion dans d’autres classes, les élèves fragiles et souvent inquiets ont besoin d’un accompagnement individuel. Une telle gestion libérale et comptable de l’école considère qu’on peut toujours faire mieux avec moins. Nous ne le pensons pas, d’autant que les personnes à qui on demande d’en faire plus sont celles qui sont les moins bien payées de l’Education nationale ! Concrètement, les AESH ont parfois 8 élèves à gérer sur plusieurs établissements, ce qui génère des situations critiques en classe de mal-être des personnels, des enfants notifié·es mais aussi des autres élèves quand, faute d’accompagnement, des crises peuvent survenir.
Volonté de « rationaliser » les postes de profs
Lors de l’entretien, le DASEN n’a pas fait mystère du sort qu’il réserve à l’ASH : il y aurait trop de postes, avec des structures dans lesquelles les enseignant·es n’auraient pas suffisamment d’élèves. Les IME sont particulièrement visés. On demande déjà à des coordonnateurs et à des coordonnatrices de réserver une partie de leur emploi du temps à de l’enseignement (façon de leur dire qu’ils sont trop bien payés pour ce qu’ils font pour le moment !)
Pour les autres postes en ASH, ce n’est guère mieux : avec cette « remise à plat » qui prendra la forme d’un inventaire départemental des moyens dans l’ASH, si nous ne faisons rien, il faut s’attendre à une saignée pour la rentrée scolaire prochaine…
Au-delà : menace de nombreuses autres fermetures avec l’annonce de 4 000 à 8 000 suppressions de postes d’enseignant·es.
Le nouveau ministre l’a annoncé : il veut proposer au budget 2026 la suppression de 4 000 postes dans le 1er degré, les sénateurs ont fait savoir qu’ils voulaient pousser jusqu’à 8 000 postes !
L’argument est simple : il y aurait trop de profs par rapport au nombre d’élèves en baisse, avec une moyenne autour de 21 élèves par classe. Cette moyenne est tout simplement artificielle (elle prend par exemple en compte les remplaçant·es, les postes d’enseignant·es spécialisé·es qui de fait ont moins d’élèves, etc.). En réalité, combien de profs du 1er degré peuvent se féliciter d’avoir moins de 21 élèves dans leur classe ?
Face au manque d’AESH et de profs, face à la menace qui plane sur l’ASH et plus globalement sur l’ensemble des postes, SUD éducation 63/03 va prendre contact avec les autres organisations syndicales pour proposer une action d’ici fin novembre.
