Alors que la réforme était gelée depuis le mois de juin 2024 en raison de la politique d'austérité budgétaire et de l'instabilité gouvernementale, le ministère de l’Éducation nationale décide finalement de réformer l’entrée dans le métier et les modalités de formation à partir de la rentrée 2025.
Les précédentes réformes de la formation initiale sont de véritables échecs et l’allongement de la durée d’études nécessaire pour passer le concours a asséché le vivier des candidat·es. Aujourd'hui, l’année de master 2 est intenable pour les étudiant·es qui doivent passer le concours, faire des stages et valider leur M2.
Face à cette situation critique, SUD éducation a porté avec force le retour à un concours à bac+3, suivi de deux années de formation diplômante sous statut de fonctionnaire stagiaire. Cela permet de maintenir le niveau de qualification des enseignant·es à bac+5 tout en offrant aux candidat·es la perspective d’un recrutement précoce, suivi d’une solide formation rémunérée.
La réforme prévoit que les concours externes soient déplacés à bac+3 à partir de la session 2026 sauf pour les concours de l’agrégation, certains concours CAPLP nécessitant des conditions de diplôme particulières et le concours des PsyEn. Les lauréat·es suivront une formation de 2 années rémunérées (1400 € nets par mois en M1 et 1800 € nets par mois en M2) avec une entrée progressive dans le métier.
SUD éducation décrypte les changements.
Le nouveau concours externes à bac+3
Dès la session 2026, les candidat·es pourront se présenter aux concours au cours de l’année de L3.
× pour les professeur·es des écoles
Le concours externe comporte deux épreuves d’admissibilité (une épreuve de français et mathématiques et une épreuve sur 3 domaines à choisir parmi les 4 domaines : histoire-géographie-EMC, langue vivante, sciences et technologie, arts), et une épreuve d’admission (un exposé portant sur les mathématiques ou sur le français et une épreuve pour éprouver la motivation, le sens du service public, le potentiel de transmission des candidat·es, et leurs connaissances en EPS).
➜ À partir de la session 2028, les candidat·es qui auront validé l’ensemble de leur licence professorat des écoles (LPE) seront dispensés des épreuves d’admissibilité et pourront se présenter directement aux épreuves orales d’admission.
SUD éducation dénonce cette disposition qui vient créer un régime d’exception pour les professeur·es des écoles et qui rompt l’égalité entre les candidat·es.
× pour les métiers du second degré (certifié·es, PEPS, PLP sans conditions de diplôme particulières et CPE)
Pour les concours d’enseignant·es, le concours externe comprend deux épreuves d’admissibilité, elles sont exclusivement disciplinaires, et deux épreuves d’admission (un exposé disciplinaire suivi d’un échange avec le jury et un entretien de motivation).
Pour les concours externes de CPE : les deux épreuves écrites d’admissibilité évaluent les connaissances des candidat·es sur la politique éducative et leur capacité d’analyse à partir de documents, et les deux épreuves d’admission évaluent à partir d’une mise en situation.
La formation avant le concours
× Pour les futur·es professeur·es des écoles : les universités pourront ouvrir des licences professorat des écoles (LPE) à partir de la rentrée 2026. Cette licence devra préparer les étudiant·es au métier de professeur·e des écoles et au CRPE positionné en fin de licence. La licence prévoit la découverte progressive du métier de professeur·e des écoles, grâce à 10 semaines minimum de stages d’observation et de pratique accompagnée (Sopa) dans les écoles.
× Pour préparer le CRPE et les concours d’enseignement du second degré (sauf agrégation), les étudiant·es pourront suivre des modules de préparation aux concours dans les licences disciplinaires à partir de septembre 2025.
➜ La réforme doit se mettre en place à moyens constants dans les universités : ouvrir des licences PPE pourrait par exemple conduire à fermer d’autres filières. SUD éducation revendique des moyens conséquents pour les universités pour mettre en œuvre la réforme dans de bonnes conditions.
La formation après le concours
Les lauréat·es du concours externe bénéficieront d’une formation de deux ans au sein des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) pour les concours de l’enseignement public. Néanmoins selon le parcours antérieur du ou de la lauréat·e, les modalités de formation peuvent varier.
Profil du ou de la lauréat·e |
Durée |
Statut |
Titulaire d’une L3 |
2 ans |
M1 : fonctionnaire élève M2 : fonctionnaire stagiaire |
Titulaire d’un M1 |
1 ou 2 ans |
selon l’avis d’une commission académique |
Titulaire d’un M2 |
1 an |
fonctionnaire stagiaire |
Autres situations : dispensé·es de diplôme, lauréat·es de spécialités professionnelles… |
1 an |
fonctionnaire stagiaire |
❓ Quelle différence entre élèves fonctionnaires et fonctionnaires stagiaires ?
Pendant la première année de formation, les élèves fonctionnaires seront rémunéré·es environ 1 400 € nets par mois.
Pendant la deuxième année, les fonctionnaires stagiaires seront rémunéré·es environ 1 800 € nets mensuels : elles et ils seront placé·es à mi-temps en responsabilité d’une classe et à mi-temps en formation.
La titularisation intervient à l’issue du master, les personnels titularisés s’engagent à servir pendant 4 ans dans la fonction publique.
→ La formation comprend :
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en M1 : 12 semaines de stages en observation et pratique accompagnée (Sopa) et 450 heures dispensées dans les Inspé ou les UFR pour les contenus disciplinaires et dans les Inspé en lien avec les écoles académiques de formation continue (EAFC) pour les contenus professionnels. Les lauréat·es du CRPE qui n’ont pas suivi la licence PPE bénéficient de 50 heures de formation supplémentaire ;
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en M2 : un stage en responsabilité à mi-temps et 300 heures de formation.
Ce qu’en dit SUD éducation :
× le paiement de l’année de M1 sous statut est une victoire des organisations syndicales puisque le ministère ne souhaitait rémunérer que l’année de M2 faute de budget ;
× l’obligation de servir pendant 4 ans est arbitraire et particulièrement injuste pour les lauréat·es qui n’auront pas bénéficié des deux années de formation mais aussi pour les lauréat·es qui seront en responsabilité en mi-temps en M2 ;
× les lauréat·es déjà titulaires d’un M1, d’un M2 ou dispensé·es de diplômes devraient pouvoir bénéficier des deux années de formation ;
× la formation dans les Inspé et les universités doit être davantage financée afin de permettre aux personnels de travailler dans de bonnes conditions et sans mise en concurrence. De même, SUD éducation défend les libertés académiques des personnels des universités : elles participent d’une formation éclairée en lien avec les apports de la recherche et elles ne doivent pas être subordonnées aux exigences de l’employeur, l’Éducation nationale.
Les périodes de transition
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à la rentrée 2025 : maintien des masters MEEF : en M1 et M2 et ouverture des modules préparatoires au concours en L3
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mars 2026 : concours en M2 (bac+5)
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avril 2026 : premier concours en L3 (bac+3 - nouveau système)
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à la rentrée 2026 : ouverture de la licence 1 et de la L2 préparation au professorat des écoles, ouverture des nouveaux masters
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mars 2026 : concours en M2 (bac+5)
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avril 2026 : premier concours en L3 (bac+3 - nouveau système)
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à la rentrée 2027 : fin de la période transitoire
Pendant les deux années de transition (2025-2026 et 2026-2027), des concours seront ouverts aux niveaux bac + 3 et bac + 5.
Les étudiant·es inscrit·es en M1 ou en M2 du master Meef à la rentrée 2025 pourront passer les deux concours. Les étudiant·es en M1, lauréat·es du concours d’avril 2026 seront nommé·es fonctionnaires stagiaires à mi-temps.
Les étudiant·es en M2, lauréat·es du concours d’avril 2026 seront nommé·es fonctionnaires stagiaires à mi-temps.
Ce qu’en dit SUD éducation :
× aucune situation particulière d’étudiant·es ne doit être oubliée ;
× l’entrée dans le métier doit être progressive, aucun·e lauréat·e de ne devrait être affecté·e à temps plein dans une classe à plein temps ;
× le calendrier est très serré et constitue une forte dégradation des conditions de travail des personnels dans les Inspé et les universités.